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Beaujolais (le Beaujolais)

Le Beaujolais  est délimité au nord par le relief du Mâconnais et au sud par les contreforts des monts du Lyonnais, le Beaujolais étale ses 23 000 ha de vignes dressées face au levant. La largeur du vignoble ne dépasse guère les 15 km. Il s’étend par contre sur 90 km, du sud de Mâcon à la banlieue lyonnaise. D’ailleurs, le journaliste et écrivain français Léon Daudet écrivait : Lyon est la capitale de la cuisine française. En dehors du Rhône et de la Saône, elle est parcourue par un troisième fleuve, celui-ci de vin rouge, le beaujolais et qui n’est jamais limoneux, ni à sec. Le beaujolais, cet ancien « vin de cocher », devenu l’un des vins les plus populaires du monde, y coule encore à flots. On le sert en pots (46 cl) sagement alignés sur les comptoirs des cafés et des restaurants. Le beaujolais n’offre encore son sol (jusqu’à quand ?) qu’à un seul cépage, le gamay noir à jus blanc. Nulle part ailleurs il ne donne des vins aussi parfaits et aussi variés. À 50 km de là, en Côte-d’Or, il n’est que quelconque. Ici, sur un sol granitique, il fait merveille ; il fournit cette kyrielle de beaujolais, des vins fruités, qui pourront être ronds et charnus ici, fermes et corsés là, tendres et élégants à un autre endroit, avec toujours ce côté frondeur, ce côté canaille qui leur est propre.

Les appellations du Beaujolais

Une classification à trois niveaux distingue les Beaujolais :

1/ Beaujolais /Beaujolais Nouveau

2/ Beaujolais-Villages /Beaujolais-Villages Nouveau

3/ Beaujolais supérieur.

Les dix crus du Beaujolais

Ils se distinguent des uns et des autres par un arôme particulier :

Les 5 grands caractéristiques du Beaujolais

Le Beaujolais a une notoriété internationale incontestable. Il la doit en partie à son Beaujolais Nouveau mais également à ses dix crus (voir plus haut). L’originalité de ce vignoble repose sur 5 éléments :

1/ Un unique cépage, le gamay noir à jus blanc qui couvre l’ensemble de ses appellations. Présent en Beaujolais depuis le début du XVIIe siècle, ce cépage a su accompagner les évolutions du vignoble et des traditions culturales collectives. Mais un second cépage va bientôt battre en brèche le monopole du gamay. En effet, les producteurs de vins de pays de la région du Beaujolais (Vin du pays des Gaules) peuvent maintenant planter du gamaret, (ce qui est autorisé également depuis 2010 pour les AOC).

2/ La plus importante densité de plantation au monde, de 9 à 10 000 pieds de vigne/ha.

3/ Une récolte manuelle qui mobilise chaque année 35 000 personnes.

4/ Une vinification unique au monde. Elle se fait à partir de grappes entières pour extérioriser au maximum le potentiel aromatique. La vinification beaujolaise est en fait une macération semi-carbonique. C’est une technique qui consiste à laisser les grappes de raisin entières dans une cuve hermétiquement close et saturée en gaz carbonique avec un objectif : extraire, en 4 ou 5 jours, un maximum d’arômes fruités et un minimum de tannins, sous l’effet de la fermentation intra-cellulaire (à l’intérieur de la baie). Pour cette raison, les raisins doivent être ramassés en très bon état, ce qui interdit l’utilisation de la machine à vendanger.

5/ Le vignoble le plus escarpé de France : 50 % du vignoble présente des coteaux de pentes supérieures à 20 %, ce qui offre un ensoleillement exceptionnel aux innombrables petites parcelles de vigne. Bien évidemment, le travail manuel de la vigne est de rigueur sur ces coteaux non mécanisables.

Les Cépages du Beaujolais

  • Le gamay noir à jus blanc (un rouge intense limpide et vif). Il occupait plus de 95 % du vignoble. Jadis surnommé petit gamay, gamay rond ou encore bourguignon noir, ce cépage résistant et fertile appelle des soins de tous les instants pour conserver sa vigueur et maîtriser ses rendements. Son épanouissement passe par une densité de plantation serrée, entre 6 000 et 13 000 pieds à l’hectare. Dans les Beaujolais-villages et les Crus, sa taille est courte (dite en gobelet, en éventail, en charmet ou encore en cordon), mais l’appellation Beaujolais permet également une taille longue. Elle ne conserve jamais plus de 3 à 5 cornes sur chaque cep pour un maximum de 10 bourgeons (les yeux).
  • Le chardonnay (un vin jaune paille, aux parfums frais et fondus mêlant citron et fleurs blanches). Il sert à élaborer les Beaujolais blancs.
  • Le gamaret, un nouveau cépage croisement de Gamay et de reichensteiner, obtenu en Suisse dans les années 1970 (Il est très  présent dans les cantons de Genève et de Vaud). Assemblé à hauteur de 10 % au gamay, il apporte un certain nombre d’avantages : 1/maturité plus précoce que le Gamay, 2/résistance à la pourriture, 3/possibilité de vendanges plus tardives ce qui entraîne un surcroît de couleur, d’intensité aromatique et de tannins.

Le gamaret offre des vins faits pour la garde

Son implantation à titre expérimental, en Beaujolais, remonte à 1989. Le Beaujolais s’est donc donné le temps de la réflexion. Mais avec le gamaret, les Beaujolais pourraient tout simplement devenir de véritables vins de garde. Ce cépage offre en effet des vins tanniques faits pour le vieillissement. Attendons quelques années cette  révolution programmée qui  mettra peut-être fin à la trop longue désaffection des consommateurs. Mais attention ! D’autres cépages frappe à la porte du Beaujolais, réchauffement climatique oblige, comme la Syrah, le Viognier ou la Marsanne.

Petite histoire des Beaujolais

La première référence à un vin du Beaujolais remonte à l’année 1031, dans le Cartulaire de Saint-Vincent, sous le nom de Bellijocum. Au XIVe siècle, alors que la Bourgogne s’acharne contre le vilain gamay et que Philippe le Hardi ordonne en 1395, par édit, son arrachage, seul le Beaujolais lui reste fidèle.  Alors, peut-on croire aujourd’hui l’allégation des échevins de Mâcon qui, devant le conseil du roi en 1616, déclaraient : L’usage du cépage gamay est grandement corrosif ? Mais c’était bien longtemps avant que ce vin ne devienne célèbre au milieu du XXe siècle, avant que le Beaujolais Nouveau ne soit fêté en France et dans le monde à la mi-novembre. Une affaire rondement menée par la confrérie des Compagnons du Beaujolais, relayée par l’Académie Rabelais, qui lui apportèrent une renommée internationale jamais démentie depuis. Il faudrait cependant ne pas oublier deux enfants du pays considérés comme les sauveurs du vignoble : Victor Pulliat qui vit le jour en 1827 à Chiroubles. Il s’intéressa tôt à la botanique. Ses recherches contribuèrent à reconstituer le vignoble phylloxéré à l’aide de porte-greffes américains, un sauvetage des ceps de France qui lui vaut un monument dans son village et une solide réputation auprès des spécialistes de la vigne et du vin. Dans la veine de son père, artisan inventif, Victor Vermorel installa dans l’atelier familial de machines agricoles, à Villefranche, une station expérimentale de la viticulture beaujolaise dans laquelle ses pépinières et ses inventions (injecteur et pulvérisateur), permirent de lutter contre le phylloxéra du milieu du XIXe siècle.

Routes et sentiers des vins du Beaujolais

Contrairement à de nombreux vignobles français, le vignoble du Beaujolais, ancien fief des comtes de Beaujeu, n’est pas traversé par une route des vins rectiligne. Il est parcouru par des routes et des sentiers  proposant des haltes dans les villages, les châteaux et des dégustations dans les caveaux. La route n° 1 sillonne les 37 villages des Beaujolais-Villages ; la route n° 2, les 10 célèbres crus du Beaujolais.

Le vignoble du Beaujolais, état des lieux

Le vignoble du Beaujolais couvre 96 communes, 85 dans le département du Rhône et 11 en Saône-et-Loire. En tout, 23 000 ha en production avec des parcelles en moyenne de 7 ha. Il s’étend sur 55 km de long et 12 à 15 km de large. Sa limite est fixée par les Monts du Beaujolais culminant au Mont Saint-Rigaud,  à 1012 mètres d’altitude. Les vignes sont plantées entre 150 à 550 mètres.  Le vignoble domine la plaine de la Saône. Il a pour limite la nationale 6 à l’est qui trace également la route des vins.
Le Beaujolais  se découpe en deux grandes zones, le nord et le sud de Villefranche sur Saône : au nord, les terrains sont granitiques et schisteux et au sud, des terrains argilo-calcaires. En termes de viticulture, il existe aussi une différence dans le mode de taille. Au nord, on utilise une taille courte ou gobelet et au sud, une taille Guyot. L’aire des dix Grands Crus, s’étend au nord, et la zone des primeurs au sud.

Climat et géologie

Pays de collines et d’éperons rocheux, pays aux cent villages bâtis autour de ses églises romanes, le Beaujolais est une extraordinaire mosaïque de terroirs, où la vigne s’étage jusqu’à 450 m d’altitude, selon la meilleure exposition. Protégé des vents d’ouest par les collines du Beaujolais, le climat y est beaucoup plus doux qu’en Côte-d’Or, donnant à la production des taux presque méditerranéens. Deux secteurs se distinguent, séparés par le Nizerand, petit cours d’eau qui se jette dans la Saône au-dessus de Villefranche :

  • Le Haut Beaujolais, au nord, possède un sol granitique et schisteux avec, dans certains secteurs, une forte teneur en manganèse. Il correspond à l’aire d’appellation des villages et des crus.
  • le  Bas Beaujolais, au sud. Ici, un sol argileux, calcaire et crayeux a remplacé le granit. C’est le secteur des simples beaujolais, des vins plus légers, souvent appelés  vins des pierres dorées, qui alimentent allègrement le marché du primeur.

Production : 130 millions de bouteilles

Chaque année, la production cumulée des 12 appellations du Beaujolais représente en moyenne 1 000 000 hectolitres, soit plus de 130 millions de bouteilles ! Près du tiers est décliné en Beaujolais nouveau. Les deux autres tiers comprennent les Beaujolais et Beaujolais-villages, ainsi que les 10 crus. Les négociants écoulent la majorité de la production (67 %), le complément provenant des ventes directes à la propriété ou à la cave coopérative. Apprécié à l’étranger, le Beaujolais jouit d’une notoriété à l’égal des plus grands vignobles mondiaux, malgré sa taille modeste. Annuellement, près de 54 millions de bouteilles sont exportées dans plus de 110 pays.

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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