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Chatus, cépage noir cévenol (Ardèche). Une incroyable renaissance !

Le chatus, ce cépage noir ardéchois connaît une incroyable renaissance ! Aux 16 cépages principaux* du vignoble ardéchois, s’ajoute un cépage local, le fameux chatus mentionné déjà en 1599 par Olivier de Serre. Ce cépage productif à grosses grappes compactes et à petits grains d’un noir bleuté était alors cultivé sur les terroirs légers et gréseux de la bordure cévenole du Bas-Vivarais (d’Aubenas à Bessèges). On l’appréciait pour ses qualités de robustesse et son rendement. Il avait cette réputation de se vendre plus cher que les autres : un plant précieux qui a fait la fortune du pays ! Mais le phylloxera (1880) lui fut fatal. Il disparut remplacé par l’aramon. Seules quelques familles dont les Allamel réussirent à le garder et à le replanter. Il fut sauvé in extremis de la disparition par les vignerons de Vernon entre 1880 et 1940 qui l’appréciaient pour son degré, sa couleur et son corps.

*Au début du XIXe siècle, on dénombrait en Ardèche, plus de 60 cépages. Que sont donc devenus ces abeillane, mortefeuille, olivette, passerille jusqu’à ce cépage appelé xérès ?

Antraïgues, le pays du chatus
Voici le pays du chatus, à Antraïgues (pays d’Aubenas), situé sur un piton volcanique surplombant la vallée de la Volane. On est aux portes de l’Ardèche méridionale, à cheval sur la montagne ardéchoise et au coeur des Cévennes d’Ardèche. Georges Couderc (1850-1928) qui est un enfant du pays (né et mort à Aubenas) célèbre pour avoir sauver la viticulture européenne en créant de nombreux hybrides de vigne résistants au phylloxéra et à l’oïdium, évoque le chatus : couvrant au début du XXe siècle une zone qui va d’Antraïgues dans l’Ardèche aux environs de Mende dans la Lozère, et dans sa partie centrale, de Joyeuse à Montpezat, et constituant le fond du vignoble des déchiquetures de la pente méridionale si abrupte du Plateau Central.

Pour faire bon

Chatus
Chatus est un cépage rouge tardif. Il arrive à maturité fin septembre début octobre. On en dénombre aujourd’hui plus de 60 ha en Ardèche.

Ne disait-on pas qu’avant, pour faire bon, on mettait du chatus dans la cuve. Mais il faut dire que le bougre est exigeant (voir plus bas). A force de persévérances, les vignerons de la cave coopérative la Cévenole (à Rosières), grâce à son gérant qui n’est autre que le petit-fils Allamel et à Jean-Paul Sévenier directeur du Centre Œnologique de Vallon Pont d’arc, fut entrepris un programme de sauvegarde et de replantation. La première cuvée commercialisée date de 1997 ; un vin 100 % chatus qui deviendra l’emblème de l’Ardèche avec souvent, fermentation malolactique, égrappage et élevage en fûts de chêne.

Sur des terrasses de grès

Aujourd’hui, le chatus compte une cinquantaine d’ha (dont 2 ha plantés en 1888) dans les Cévennes ardéchoises (piémont Cévenol), au sud-ouest du département (des Vans à Largentière), sur les faïsses, ces terrasses de grès peu propice aux tannins mais parfaitement adapté à un cépage de nature très tannique. La moitié de la production appartient aux viticulteurs de la cave coopérative La Cévenole, l’autre moitié est répartie entre d’autres caves coopératives et des particuliers. Une trentaine de vignerons produit autour de 150 000 bouteilles de chatus par an dont les 2/3 sont vendues dans le département. Mais quel travail ! C’est un cépage qu’il faut tailler en arcature en laissant de long bois sur chaque cep attaché en arc de cercle sur le fil de fer. Maxime Serret, président du syndicat des producteurs en dit qu’il demande 3 à 4 fois plus de main-d’œuvre que n’importe quelle autre vigne.

Le chatus en ses atours

D’abord la couleur, le grenat violacée des premières années va évoluer avec le temps vers le rouge sombre. Au nez, on distingue la nèfle et les fruits surmûris voire confits comme la pâte de coing, la figue ou le pruneau à l’alcool. On y trouve également des notes liées à son élevage sous bois : tabac, café, vanille cannelle et poivre. Enfin, le chatus confère à ses vins, une puissance, une structure, une belle acidité et une richesse tannique étonnante. C’est un vin de garde qu’il faut attendre au moins 3 ans. Attention ! Surtout ne pas oublier de l’ouvrir une demi-journée avant de le servir.

Le chatus du domaine de Grangeon provient d’un vignoble de 10 ha plantés ces 10 dernières années sur les terrasses, appelées faysses, de Rosières dont 6 sont en production. La production est estimée à  34 000 bouteilles. Que dire des parfums offerts par le chatus : des notes de fruits à l’alcool très marqués (mûres, pruneaux, nèfles, poivre gris). La bouche est d’une très bonne longueur, son attaque tannique laisse place à une fin de bouche soyeuse où l’on retrouve les parfums que l’on a au nez (Christophe Reynouard propriétaire du Domaine).

Le chatus fiche technique

Chatus
Ce chatus Cuvée Châtaignier des Vignerons Ardéchois, millésime 2014 est planté sur les terrasses Cévenoles en plein sud et à l’abri du vent situées sur les communes de Payzac, Largentière et Rosières sur des sols de grès. Il est vendangé à partir de fin septembre pour obtenir une pleine maturité des baies. Les cuvées sont longues (3 à 4 semaines) afin d’extraire toute la richesse des tannins suivies d’un élevage en fûts de chêne de 12 mois.

(Le « s » de chatus ne se prononce pas)

Un nom qui viendrait de l’époque romaine faisant référence à une petite monnaie d’or (Carbunicam  qui devint Chatus) ! En 1599, dans la première édition de son Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres, précurseur de la viticulture moderne, cite le chatus parmi une des 38 variétés de vignes composant le vignoble du royaume. Au XIXe siècle, le Chatus était le principal cépage cultivé sur les terroirs légers et gréseux de la bordure Cévenole du Bas Vivarais, d’Aubenas à Bessèges, dans le sud du massif Central. Il l’était aussi assez répandu dans les Alpes (Dauphiné, Savoie) et dans le Nord de l’Italie (Piémont). En 1958, il couvrait en France, 60 ha, en 2000, 23 ha,  en 2008, 57 ha et en 2011, 64ha.

Peu sensible au mildiou et à l’oïdium

Le chatus, assez fertile et à port érigé est un cépage rouge tardif qui arrive à maturité fin septembre début octobre. Il peut être conduit en taille courte ou longue. Sa vigueur rend possible son implantation dans des terroirs assez pauvres et secs. Il semble bien adapté aux sols acides. Il est peu sensible au mildiou et à l’oïdium.

Un vin de garde

Ses grappes sont moyennes à grosses mais les baies sont petites. Il permet d’élaborer des vins bien colorés, assez acides et surtout très tanniques. Après vinification longue et élevage en fût de chêne, on obtient un vin de garde particulièrement typé. En arômes dominants, on retrouve les fruits confits, la pâte de coing, les pruneaux à l’alcool, avec également une touche de vanille et de cannelle. Le Chatus est un vin de garde. Il commence à s’exprimer à partir de 2 ans et donne toute son ampleur dès ses 5 ans

Un syndicat des producteurs de chatus

En 2000, les Vignerons Cévenols ont créé un Syndicat des producteurs de Chatus en Cévennes ardéchoises. Cet organisme a mis en place une charte de qualité et un cahier des charges avec certaines obligations :

  • Plantation uniquement sur les terres du Trias Cévenol.
  • Rendement limité à 50 hl/ha
  • Vendange exclusivement manuelle
  • La totalité du volume des cuvées sera élevée en fûts de chêne pendant une période de 12 mois, etc.

    François Guignon de la Cave Coopérative d’Alba la Romaine présentant la Cuvée Monnaie d’Or  (Photo FC)

Liste non exhaustive des producteurs de chatus

  • Mas de Bagnols : Pierre Mollier 07110 Vinezac Tél. 04 75 36 51 99 masdebagnols@orange.fr
  • Cave Coopérative La Cévenole (Cave adhérente à UVICA – Vignerons Ardéchois). La Cévenole est née de la fusion avec celle de Vernon-Sanilhac en 1986, suivie en 2002 par une autre fusion avec les Caves de Payzac à laquelle s’est jointe en 2016, la Cave des Vans. Adresse : Le Grillou 07260 Rosières  Tel. 04 75 39 52 09 – Fax 04 75 39 92 30 caveaulacevenole@wanadoo.fr –cavelacevenole.com
  • Laurent Fell 07110 Sanilhac Tél : 04 75 39 83 37
  • Domaine de Grangeon : Christophe Reynouard  – 07260 Rosières Tel. / Fax 04 75 39 54 84 domainedugrangeon@gmail.com
  • Cave Coopérative Lablachère La Vignolle 07230 Lablachère Tel. 04 75 36 65 37 – Fax 04 75 36 69 25 contact@cave-lablachere.fr – cave-lablachere.fr
  • Domaine Salel : Benoît Salel, La Charrière 07230 Faugères Tél. 06 73 59 92 51 – Fax. 09 56 81 87 17 domainesalel@free.fr
  • Vignerons Ardéchois : BP 8 – 07120 Ruoms Tél. 04 75 39 98 00 – Fax 04 75 39 69 48 uvica@uvica.fr   www.vignerons-ardechois.com : aujourd’hui, les Vignerons Ardéchois regroupent près de 1500 viticulteurs dans toutes les communes viticoles de l’Ardèche méridionale avec un site de vinification dans chacun des 12 terroirs de la région. Ils cultivent avec passion un vignoble de 6500 hectares, dont 487 en sélections parcellaires, ce qui représente 85 % de la production viticole du Sud-Ardèche.
Les 4 Chatus de la Cévenole : Cave de Rosières : Chatus Monnaie d’or rosé : 100 % chatus, vendange manuelle. Rendement : 40 hl/ha. Vinification : saignée. Basse température de fermentation 14°C ; Cuvée des Ducs de Joyeuse : 100 % chatus jeunes vignes. Vendanges manuelles. Rendement : 80 hl/ha. Vinification : éraflage, foulage. Vinification traditionnelle ; Chatus 1883 : 100 % chatus, vieilles vignes de plus de 130 ans. Vinification : élevage en fûts de chêne neufs français 24 mois. Le Chatus 1883 provient de la plus ancienne parcelle de Chatus plantée en 1883 (bouteille numérotée, production limitée) ; Chatus Monnaie d’or : 100 % Chatus vieilles vignes de plus de 10 ans. Rendement : 40 hl/ha. Vinification : éraflage, foulage. Elevage de 12 mois en fût de chêne Français. La cuvée Monnaie d’Or (étymologie latine de «chatus») est le produit de la Cave de Rosières depuis 1997 (assemblage de raisins de vignes centenaires et de vignes plantées depuis 1992).

 

 

 

 

 

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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