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Hermitage AOC (Côtes du Rhône septentrionales)

Carte des Côtes du Rhône septentrionales
Carte des Côtes du Rhône septentrionales

Hermitage* appellation qui s’applique aux vins rouges (76 %) et aux vins blancs (24 %). Pas de doute, la colline de l’Hermitage constitue, avec la Côte-Rôtie, le joyau de la vallée du Rhône septentrionale ! Elle est située à la confluence du Rhône et de l’Isère, dans le département de la Drôme. Ici, Tain-l’Hermitage étage ses vignes sur de vastes terrains d’alluvions caillouteux. Le vignoble traversé par la nationale 7, à 20 km au nord de Valence couvre le nord-est d’un imposant éperon granitique à l’aplomb de la petite ville de Tain. Voir cette multitude de terrasses prendre d’assaut la montagne est un spectacle  impressionnant !  Chaque marche bordée d’un muret sert d’enseigne publicitaire aux grands noms de l’appellation : Jaboulet, Chapoutier, Delas etc. Les sols sont constitués d’arènes granitiques recouvertes de micaschistes et de gneiss, mais aussi de plages de cailloux ronds alluvionnaires. Cette diversité explique la présence de lieux-dits comme Bessards, Greffieux, Méal, Rocoule, Beaumes etc…).

*Ou L’Hermitage ou Ermitage ou L’Ermitage.

La montagne Hermitage
Hermitage la montagne et sa chapelle au sommet (Photo Christophe Menou)

Le chevalier de Blanche de Castille

Dès l’époque romaine, les vignes étaient florissantes et les vins connues sous le nom de vins de Vienne. Ils prirent ensuite le nom de vins du coteau de Saint-Christophe, en raison de la présence d’une chapelle dédiée au saint homme. Hermitage viendrait du chevalier Gaspard de Stérimberg, le chevalier de Blanche de Castille qui aurait construit au sommet du coteau un ermitage pour expier les crimes commis pendant la croisade de 1224 contre les Albigeois. Mais l’exceptionnel vin de paille remis à l’honneur par certains vignerons viendrait-il nous rappeler les méthodes de vinification et les origines gallo-romaines de ce vignoble héritier des fameux vins de Vienne loués par Pline l’Ancien ?

Tain l'Hermitage
Tain-l’Hermitage, rive gauche du Rhône, au pied de la colline de l’Hermitage. La vigne exposée plein sud est plantées sur des terrasses étroites, retenues par des murets de pierre (Photo creativenature.nl)

La colline aux vignes

Cette impressionnante colline peut se diviser en trois  :

  • la partie ouest, Les Bessards, terroir granitique fortement pentu est dédiée aux rouges. C’est d’ailleurs sur ce coteau que se dresse la chapelle de l’Hermitage et à ses pieds, le célèbre vignoble de l’Ermite.
  • dans la partie centrale se distinguent nettement une partie haute exposée plein sud dite Le Méal au sol calcaire et siliceux recouvert de galets roulés et une section basse désignée sous le nom de Greffieux constituée  de terre issue du ravinement.
  • Enfin, le quartier des Murets et des Dionniers se compose d’un sol argileux et d’un terrain moins accidenté. C’est le terroir des blancs.

    Hermitage, la chapelle
    Hermitage, petite chapelle Saint-Christophe surplombant le vignoble en terrasse dominant le Rhône. La Maison Paul Jaboulet Aîné est l’unique propriétaire depuis 1919. Les vignes du haut de coteau, proches de la Chapelle, expriment une minéralité ascétique, avec des vins en chair et fruités.

Les coteaux de l’Hermitage, un patrimoine viticole national

Depuis juin 2013, les coteaux viticoles de l’Hermitage sont protégés en tant que site classé au même titre que les monuments historiques. Ils s’étendent sur 160 ha sur 3  communes de la Drôme : Tain, l’Hermitage, Crozes-Hermitage et Larnage englobant la totalité du vignoble de l’AOC Hermitage qui couvre 136 ha exploités par 35 vignerons. L’appellation est plantée largement de syrah pour les rouges avec dans une moindre mesure et à hauteur de 15 % de marsanne et de roussane. Sur des sols sableux écrasés de soleil, ils donnent des vins généreux et charnus, très colorés et d’une très grande puissance tannique aux notes caractéristiques de violette, d’épices et de cassis. La robe qui, jeune, tire sur l’améthyste, acquiert avec les ans une teinte pelure d’oignon réputée pour habiller des vins étonnamment riches. Vingt à trente ans de vieillissement est un bel hommage à rendre à ces vins lors des très grandes années (et 2015 sera un millésime exceptionnel ) !  Ils étaient dit-on très appréciés par un amateur célèbre, Alexandre Dumas ! Les blancs (24 % de la production), à base de marsanne et de roussane, sur des sols de cailloutis et de loess, produisent  des vins d’une rare onctuosité, aux arômes crémeux, mielleux de noisette, de pêche et d’abricot. On les boit jeunes dès leur première année, à l’exception des grandes années où ils peuvent patienter trois ans et quelquefois plus. Le rendement moyen est de 27 hl/ha et la production annuelle  tourne autour de 486 000 bouteilles, rouges à 76 %.

Carte des appellations Crozes-Hermitage et Hermitage
Carte des appellations Crozes-Hermitage et Hermitage

Le vin de Paille de l’Hermitage

Il est produit uniquement à partir de raisins blancs (roussanne et marsane) exclusivement de l’appellation lors des meilleurs millésimes. Ce sont de petites grappes parfaitement saines, provenant de très vieilles vignes qui mûrissent pour obtenir des raisins légèrement surmûris. Récoltées à la main*, les raisins sont ensuite séchés à l’air libre dans des caissettes pendant 2 mois (passerillage), ce qui permet aux sucres naturels de se concentrer. Le vin de Paille restera en barriques pendant environ 18 mois et la fermentation alcoolique s’arrêtera naturellement aux alentours de 16 % d’alcool, avec un taux de sucre résiduel d’environ 100g/l.

*2 kg de raisins sont nécessaire pour produire une bouteille de 50 cl.

Hermitage, les 100/100 Robert Parker

  • Chapoutier : Ermitage l’Ermite Blanc 1999, 2000, 2003, 2004, 2006, 2009, 2010, 2011 et 2012
  • Chapoutier : Ermitage le Pavillon 1989, 1990, 1991, 2003, 2009, 2010, 2011 et 2012
  • Chapoutier : Ermitage cuvée de l’Orée 2000, 2009, 2010 et 2011
  • Hermitage Jean-Louis Chave : Cuvee Cathelin 1990, 2003 et 2009
  • Paul Jaboulet Aîné : La Chapelle, Hermitage 1961, 1978 et 1990
  • Chapoutier : Ermitage l’Ermite rouge 2003, 2010 et 2012
  • Delas Frères : Hermitage Les Bessards 2009 et 2010
  • Guigal : Hermitage Ex voto*  2003 et 2009
  • Chapoutier : Ermitage Le Meal Blanc 2004
  • Hermitage Jean Louis Chave 2003

*Sur la célèbre colline de l’Hermitage, les Ex-Voto blancs et rouges produits exclusivement dans les plus grands millésimes sont issus des meilleures parcelles (Bessards, Hermite, Greffieux, Murets).

Un nom jalousé et usurpé

Enfin, rançon du succès (voir les California Rhônes), les vignerons de l’Hermitage (avec ou sans H) doivent maintenant sérieusement protéger le nom de leur appellation. Si elle est protégée au niveau européen dans le cadre des Appellations d’Origine Protégée (AOP), on assiste de plus en plus à une recrudescence des usurpations en dehors de l’Europe.  Ainsi en 2013 décidaient-ils de saisir les autorités pour mettre fin à l’utilisation abusive du nom de leur appellation par un producteur de vin effervescent de Californie (qui n’est autre que Roederer) ayant baptisé son vin L’Ermitage. Une autre procédure est en cours qui  vise à s’opposer à un dépôt de marque en Chine reprenant là encore abusivement le nom Ermitage. Pour l’appellation, ce long travail d’ermite se poursuit non plus seulement dans la vigne  mais également dans le bruit des tribunaux internationaux.

De la colline de l'Hermitage
De la colline d’Hermitage, la petite cité de Tain sur les bords du Rhône

Hermitage, à qui appartient le vignoble ?

Six négociants, une coopérative et 21 caves particulières se partage l’appellation Hermitage (137 ha) dont

  • Michel Chapoutier : 34 ha
  • Paul Jaboulet Aîné : 21 ha
  • La Cave de Tain : 19,57 ha (la cave vinifie à elle seule environ 50 % des appellations des Côtes du Rhône septentrionales)
  • Le domaine Jean-Louis Chave : 12,94 ha
  • La maison Delas : 8,30 ha, etc.

Ici, on parle de plus d’1 million d’€ l’hectare (prix moyen). Pour la liste complète des producteurs, voir l’article consacré au Crozes-Hermitage.

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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