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Loire (vallée de la Loire) vins et vignes

Loire (vallée de la) : ce grand fleuve que les étés alanguissent au point qu’il se perd dans un lit de sable trop vaste, que les hivers bousculent de crues et de décrues incessantes, ce fleuve au long cours qui, du Massif central  aux embruns de l’Atlantique, creuse inexorablement son sillon, demeure aujourd’hui le dernier fleuve sauvage d’Europe. Ce grand fleuve a façonné ses rives comme un jardin, a fait de sa vallée, la vallée des rois et des reines, la vallée de la douceur de vivre où le ciel est tendre et les lumières évanescentes, la vallée du parler juste, du « bien  manger » et des châteaux. Ce grand fleuve ne pouvait être qu’un fleuve à vignes.

70 000 ha de vignes se partagent l’honneur d’appartenir, de près ou le loin, à la Loire et à ses affluents. Jamais tant de vins ne se sont côtoyés avec autant de bonheur, des grands crus aux vins sans grande origine, des vins qui pétillent de talent, des vins au moelleux délicat, aux parfums de fraise, de framboise ou de groseille, des vins à l’éclat du rubis, des vins qui éclatent au palais comme une pierre à fusil. La Loire viticole se redécouvre sans cesse, mais, quel paradoxe : ses vignobles sont souvent invisibles ! Il faut savoir musarder, se perdre sur les chemins de traverse, quitter les routes qui suivent sagement le fleuve sur des « levées » pour surprendre, au hasard des coteaux et des vallons, quelques arpents de vignes qui, des Côtes du Forez à Nantes, font la diversité et la richesse de ses vins.

Une histoire marquée par les Anglais puis par les Hollandais

La vigne est apparue sur les bords de la Loire il y a 5 500 ans, après la dernière glaciation. Rien ne prouve pourtant que la vigne était cultivée avant la conquête romaine. Son véritable essor est l’œuvre des premières abbayes qui vinifiaient pour des besoins liturgiques et médicinaux.

La Loire, dont le trafic dépassait celui de la Seine, fut sillonnée par les gabares et les chalands à voile jusqu’à l’aube du XXe siècle. Elle joua un rôle essentiel dans le développement du vignoble. Dès le XIIe siècle, les vins d’Anjou et de Touraine étaient exportés vers la Bretagne, la Normandie et l’Angleterre. Leur transport fit d’ailleurs la prospérité des marchands d’Angers. C’était l’époque où les Plantagenêt, comtes d’Anjou et rois d’Angleterre, appréciaient fort les vins d’Anjou. Lorsque finalement le palais anglais préféra les vins de Bordeaux, les Hollandais prirent le relais. Ils établirent sur le fleuve un commerce ininterrompu pendant plus de trois siècles, faisant remonter leurs navires de haute mer jusqu’à Saumur. Partout, des ports et des entrepôts furent construits.

Aux Hollandais, les vignes blanches

C’est à eux que revient également l’extension des vignes blanches en Anjou et dans le pays nantais. Mais ces échanges florissants eurent une fin lorsque Louis XIV déclara la guerre à la Hollande. Le déclin qui suivit fut accentué par l’écrasante fiscalité perçue sur les bateaux chargés de vin. Ainsi faut-il rappeler qu’à Ingrandes-sur-Loire, frontière du duché de Bretagne, on maintint une douane jusqu’en 1789.

Plus à l’est, les vins de l’Orléanais et du Blésois, alors de grande réputation, étaient transportés par chariots vers Paris et les Flandres. Mais la qualité régressa à tel point que le phylloxéra au XIXe siècle leur porta un coup fatal. La Touraine et l’Anjou, également touchés, s’en sortirent beaucoup mieux, puisqu’à la fin des années trente nombreux furent leurs vins à être inclus dans la première promotion des AOC. Aujourd’hui, les vins de Loire ont atteint un tel prestige que plus personne ne s’étonne de les voir figurer à égalité avec les Bordeaux et les Bourgognes sur la carte des vins du monde entier.

La Loire, 1000 km de cours, d’un massif (central) à l’autre (armoricain)

Non seulement la Loire coupe la France en deux, mais elle traverse, sur les 1 000 km de son cours, trois aires géologiquement très différentes : le Massif central, le Bassin parisien et le Massif armoricain. Dans le Massif central, la région de Limagne porte les vignobles de Saint-Pourçain et des Côtes – d’Auvergne. Elle se situe sur un fossé d’effondrement aux coteaux calcaires ou graveleux, drainé par l’Allier entre Brioude et Moulins.

Le Bassin parisien prend ensuite le relais, de la Nièvre à l’Anjou. La Loire, plus à l’aise, s’étend alors sur des régions de plateaux peu élevés, à l’exception des collines du Sancerrois qui peuvent atteindre 350m d’altitude. Les terrains sont d’origine sédimentaire, les sols calcaires y dominent. Si le fond de la vallée est composé de terres alluvionnaires, il existe cependant quelques îlots caillouteux très propices à la vigne. Les plateaux, d’une quinzaine de mètres dominant la Loire, sont des zones de graviers qui rassemblent les plus importants vignobles. Enfin, les coteaux en surplomb de la Loire sont la région des « tufs » (craie tuffeau) et des vins de plus longue garde.

Schiste, grès, calcaire, craies, argiles, sables et graviers rien que pour l’Anjou

L’Anjou est tiraillé entre le Massif vendéen, le Massif armoricain et la bordure sud-ouest du Bassin parisien. La vigne bénéficie alors d’une multitude de terrains à base de schiste, de grès et de calcaire du primaire, de craies, d’argiles et de sables du secondaire et de graviers siliceux du tertiaire. Voilà sans doute l’explication de l’extraordinaire diversité des vins d’Anjou. À l’opposé, le pays nantais, monocépage bien ancré sur le Massif armoricain, présente un paysage plat avec des sols peu profonds sur socles rocheux, constitués de schiste et de granit.

La douceur du climat

Vallée de la Loire signifie climat tempéré et humide, une moyenne des températures qui s’élève à 11° (à Tours) et une pluviométrie annuelle qui dépasse rarement les 700 mm, des conditions somme toute optimales pour la vigne, accentuées encore par un automne très souvent ensoleillé, idéal pour les vendanges tardives du chenin blanc. Il va de soi que le climat est océanique à l’ouest, donc plus doux et humide à l’embouchure de la Loire. Il a tendance à être plus continental dans le Sancerrois, avec un risque accru de gelées précoces. Mais, là encore, tout est une question d’exposition, de microclimat, qui caractérise si bien les vignobles de la Loire

La Loire au fil de ses cépages

.La Loire a acclimaté, avec plus ou moins de bonheur, tous les cépages de France. Elle en compte encore une vingtaine, jamais mentionnés sur l’étiquette de ses crus. Elle leur est pourtant redevable du florilège de ses vins, qu’ils soient tranquilles ou effervescents, moelleux ou secs. S’il fallait simplifier à l’extrême, on pourrait dire que tout commence et que tout finit par la Bourgogne : du gamay de Saint-Pourçain dans le sud du Massif central au melon de Bourgogne, autrement dit le muscadet du Pays Nantais. Entre ces deux extrêmes, le sauvignon ouvre magistralement les vins de Loire en faisant d’une pierre (à fusil) deux coups à Sancerre et à Pouilly.

 Chenin blanc et cabernet franc

Lorsque la Loire, amorce sa grande boucle vers l’ouest, elle préfère déjà ses deux cépages de prédilection : le chenin blanc et le cabernet franc, et cela jusqu’aux confins de l’Anjou, pour laisser la place à son embouchure au muscadet et au gros plant du pays nantais. Ne parlons plus de hybrides : c’est un mauvais souvenir (plantet, chambourcin, villard noir, baco noir et blanc) ; s’ils servent encore, on les réserve aux vins ordinaires ! Gamay et sauvignon s’imposent de plus en plus dans les cépages du Loir-et-Cher, au détriment du pineau d’Aunis et même du chenin blanc. Ce dernier, en revanche, gagne du terrain à Montlouis et à Vouvray.

Pour les cépages rouges, le cabernet franc domine les terres de Chinon et de Bourgeuil. Le grolleau est partout en déclin, sauf en Anjou où ses rendements élevés en font un composant essentiel du rosé avec le cabernet franc, cépage noble par excellence. Faudrait-il signaler l’intrusion du chardonnay dans les vins d’Anjou blancs et la vogue que connaît le cabernet sauvignon, notamment en Anjou, où il occupe plus de 2 000 ha réservés essentiellement aux rosés ? Enfin, le melon de Bourgogne assoit inexorablement sa toute puissance dans la région nantaise, boutant hors de chez lui un gros plant (folle blanche) finalement trop grossier.

Autres cépages :

  • Le gamay : cépage précoce, maître absolu du Beaujolais, il se satisfait ici de ce  que les autres ne veulent pas : des terres argileuses, exposées sur les coteaux de la Loire et de Touraine.
  • Le muscadet, ou melon de Bourgogne : de Bourgogne, il est arrivé dans le pays nantais au XVIIIe siècle, à la suite du terrible hiver de l’année 1709 qui détruisit tout les vignobles. Il s’est parfaitement adapté à sa nouvelle terre maritime, au point de donner des vins blancs secs, frais, un brin salés et quelque peu perlant.
  • Le grolleau ou groslot : le nom vient du vieux français grolle qui signifie corneille, noire comme ses baies. Il participe surtout à l’élaboration du rosé d’Anjou, avec encore 5 000 ha, et des effervescents de la vallée de la Loire. Il se vinifie également en rouge léger comme vin de table.
  • Le chasselas : il assure les trois quarts de la production des blancs secs de Pouilly-sur-Loire. Les Pouilly-Fumé, les meilleurs, aux parfums musqués et épicés, proviennent du sauvignon.
  • Le sauvignon : son origine est incertaine, mais beaucoup pensent qu’il proviendrait du val de Loire. Il aime les sols bien drainés qui se réchauffent vite. À lui les Sancerre, Pouilly-Fumé, les Quincy, Reuilly et Menetou-Salon. On lui doit également les sauvignons de Touraine.
  • Le côt ou malbec ou auxerrois : le côt serait originaire du Quercy. Il fait partie de l’encépagement des appellations Touraine, Rosé-d’Anjou, Valençay. Il donne des vins fruités, colorés, riches en tanin.
  • Le gris meunier : un cépage rouge répandu dans l’Orléanais et à Châteaumeillant. C’est l’un des constituants du Noble-Joué.
  • Le pinot noir ou gris : le pinot noir donne les Sancerre rouges ; le pinot gris, assemblé avec le gris meunier et le pinot noir, donne un rosé particulier, le Noble-Joué  près de Tours

La Loire en chiffres

  • Premier producteur de vins blancs d’appellation
  • Première région AOC de vins effervescents (hors champagne)
  • Troisième vignoble de France par sa production : 4 millions hl dont 3 millions hl en AOC  (AOP).
  • Quatrième  vignoble de France par sa surface : 70 000 ha dont 52 000 ha classés en AOC  répartis sur quatorze départements.
  • 68 appellations soit 400 millions de bouteilles.

Régions et appellations

Le vignoble du Val de Loire, troisième grande région viticole française classée au Patrimoine mondial par l’UNESCO (de Chalonnes-sur-Loire à Sully-sur-Loire), représente de l’Atlantique au centre, le point d’équilibre entre le sud et le nord. De là découle la diversité de ses vins. Mais si la Loire, bonne fille, réunit autant de régions et de vignobles en son lit protecteur, généreux et tumultueux, une division s’impose :

1/Le pays nantais (à l’ouest)

Sept appellations en AOC (en blanc)

  • Muscadet
  • Muscadet-Coteaux de la Loire
  • Muscadet-Sèvres et Maine
  • Muscadet-Côtes de Grandlieu
  • Coteaux d’Ancenis
  • Gros Plant du Pays Nantais (blanc)
  • Fiefs-Vendéens (rouge, rosé, blanc)

Deux IGP (Indication Géographique Protégée) dont Deux vins de pays

  • Vin de Pays du Val de Loire : Vendée
  • Vin de Pays du Val de Loire : Loire-Atlantique

2/La Touraine, l’Anjou, le Saumurois (au centre)

La Touraine, dix-huit appellations en AOC

  • Touraine (rouge, rosé, blanc)
  • Touraine mousseux
  • Touraine-Amboise (rouge, rosé, blanc)
  • Touraine-Azay-le-Rideau (rosé, blanc)
  • Touraine-Chenonceaux (blanc, rouge)
  • Touraine-Mesland (rouge, rosé, blanc)
  • Touraine-Noble-Joué (gris/rosé)
  • Touraine-Oisly (blanc)
  • Vouvray (blancs : sec, moelleux et effervescent)
  • Montlouis-sur-Loire (blancs : sec, moelleux et effervescent)
  • Bourgeuil (rouge, blanc)
  • Saint-Nicolas-de-Bourgueil (rouge, blanc)
  • Chinon (roue, blanc, rosé)
  • Jasnières (blanc)
  • Coteaux-du-Vendômois (rouge, blanc, rosé)
  • Cheverny (roue, blanc, rosé)
  • Cour-Cheverny (blanc)
  • Coteaux-du-Loir (roue, blanc, rosé)

Trois IGP (vins de pays)

  • Vin de Pays du Val de Loire : Indre-et-Loire
  • Vin de Pays du Val de Loire : Loir et Cher
  • Vin de Pays du Val de Loire : Sarthe

L’Anjou, dix-sept appellations en AOC

  • Anjou (rouge, blanc)
  • Anjou-gamay (rouge)
  • Anjou mousseux
  • Anjou-Villages (rouge)
  • Anjou-Villages Brissac (rouge)
  • Anjou-Coteaux de la Loire (blanc)
  • Rosé d’Anjou
  • Cabernet d’Anjou (rosé)
  • Savennières (blanc, sec et moelleux)
  • Savennières Roches aux Moines (blanc)
  • Savennières Coulée de Serrant (blanc)
  • Bonnezeaux (blanc)
  • Coteaux-du-Layon (blanc liquoreux)
  • Coteaux-du-Layon Premier Cru (blanc liquoreux)
  • pour mémoire Chaume (blanc liquoreux).Voir Coteaux du Layon Premier Cru Chaume.
  • Quarts-de-Chaume Grand Cru (blanc liquoreux)
  • Coteaux de l’Aubance (blanc liquoreux)
  • Vins-du-Thouarsais (rouge, rosé, blanc)

Deux IGP (vins de Pays)

  • Vin de Pays du Val de Loire : Maine et Loire
  • Vin de Pays du Val de Loire : Deux-Sèvres

Une appellations périphériques AOC

  • Haut-Poitou (rouge, blanc, rosé)
  • (Vins-du-Thouarsais reclassé en AOC Anjou)

Un IGP (vins de Pays)

  • Vin de Pays du Val de Loire : Vienne

Le Saumurois, sept appellations en AOC

  • Saumur-Champigny (rouge)
  • Saumur Puy-Notre-Dame
  • Saumur (rouge, blanc)
  • Rosé de Saumur
  • Coteaux de Saumur (blanc moelleux)
  • Cabernet-de-Saumur (rosé)
  • Saumur brut

3/L’Orléanais, Le Centre, le Berry, l’Auvergne (au centre-est)

L’Orléanais, trois appellations en AOC

  • Orléans (rouge, rosé, blanc)
  • Orléans-Cléry (rouge)
  • Coteaux du Giennois (rouge, rosé, blanc

Le Centre, quatre appellations en AOC

  • Sancerre (rouge, rosé, blanc)
  • Pouilly-Fumé (blanc)
  • Pouilly-sur-Loire (blanc)
  • Châteaumeillant (rouge et rosé)

  Quatre IGP (vins de pays)

  • Vin de Pays des coteaux Charitois
  • Vin de Pays des coteaux de Tannay
  • Vin de Pays du Val de Loire : Nièvre
  • Vin de Pays du Val de Loire : Loiret

Le Berry, quatre appellations en AOC

  • Menetou-Salon (rouge, rosé, blanc)
  • Valençay (rouge, rosé, blanc)
  • Quincy (blanc)
  • Reuilly (blanc)

Trois IGP (vins de Pays)

  • Vin de Pays du Val de Loire : Cher
  • Vin de Pays des coteaux du Cher et de l’Arnon
  • Vin de Pays du Val de Loire : Indre

L’Auvergne,  quatre appellations en AOC

  • Côte Roannaise (rouge, rosé)
  • Côtes du Forez (rouge, rosé
  • Saint-Pourçain (rouge, rosé, blanc)
  • Côtes d’Auvergne (rouge, rosé, blanc)

Quatre IGP (vins de pays)

  • Vin de Pays du Val de Loire : Allier
  • Vin de Pays du Bourbonnais
  • Vin de Pays du Val de Loire : Puy-de-Dôme
  • Vin de Pays d’Urfé

Les appellations régionales de la Loire : deux AOC

  • Crémant de Loire
  • Rosé de Loire

Un IGP (vins de pays)

  • Vin de Pays du Jardin de la France

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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