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Sulfate de cuivre (viticulture)

Sulfate de cuivre (viticulture) : le sulfate de cuivre est sans doute le plus célèbre fongicide utilisé pour le traitements de la vigne. Qui ne connaît pas cette bouillie bordelaise et sa très caractéristique couleur bleue, mélange de sulfate de cuivre et de chaux morte, dilués ensuite dans de l’eau (il bleuit à son contact) avant d’être sulfatés sur le feuillage ? On n’a pas trouver jusqu’à ce jour, meilleur traitement contre le mildiou, terrible maladie cryptogamique de la vigne autre que ces sels de cuivre mis au point à la fin du XIXe siècle, par Alexis Millardet et le chimiste Ulysse Gayon. La viticulture reconnaissante est-il gravé à juste titre sur le socle du buste d’Alexis Millardet érigée à Bordeaux dans le jardin botanique.

D’abord utilisé contre les voleurs

Lorsque le mildiou (dû à champignon parasite, le Plasmopara viticola) débarque d’Amérique en 1878 dans le Bordelais, il y trouve toutes les conditions (humidité du climat entre autre) pour se développer. C’est un véritable fléau que rien ne semble arrêter. Il s’attaque d’abord aux feuilles, puis aux grappes, qui finissent par se dessécher ou pourrir sur pied. Un botaniste, Alexis Millardet, très observateur avait remarqué que dans le Médoc, les vignerons de Saint-Julien avaient l’habitude de pulvériser du vert-de-gris (à base de cuivre) sur leurs vignes qui longeaient les chemins. Ils voulaient ainsi de cette manière, dissuader les voleurs de chaparder leurs raisins. Et que ces mêmes vignes  couvertes de traces de cuivre étaient épargnées par le champignon. Il lui fallut ensuite trouver les proportions efficaces d’un mélange à base de sulfate de cuivre neutralisé par un lait de chaux, dont le chimiste Ulysse Gayon mit au point la formule exacte.

A défaut d’autre chose

Ce traitement fut baptisé bouillie bordelaise (attention, il est aujourd’hui interdit de fabriquer sa propre bouillie). Il est rapidement utilisé à grande échelle. Il est projetée par aspersion au moyen d’un pulvérisateur, la fameuse sulfateuse et il est encore utilisé aujourd’hui aux côtés d’autres fongicides. Le constat est simple, aucune alternative ne permet actuellement un abandon de ce produit.

Utilisé même en bio

De fait, le cuivre est l’un des piliers de la protection phytosanitaire accepté même en bio*où il est autorisé jusqu’au 15 juillet 2015. Cette molécule reste aujourd’hui un moyen de lutte anti-mildiou, d’autant plus qu’il s’agit de l’unique matière active réellement efficace contre le champignon en viticulture biologique. Et pourtant, si l’utilisation du soufre ne pose pas de problèmes environnementaux,  le cuivre oui ! Il n’est pas  biodégradable et s’accumule donc dans le sol (notamment en pied de pente) à des doses très toxique pour la faune. D’où la nécessité de trouver une substance active contre le mildiou qui serait non toxique pour les sols.

* Le cuivre a d’autres cibles que le mildiou : il a une action secondaire sur l’oïdium en limitant notamment les cléïstothèces (une des formes de conservation hivernale du champignon).

Vers une utilisation raisonnée du cuivre

Il était courant dans les années 1980 d’en utiliser au-delà  du raisonnable, jusqu’à des doses de 20 kg/ha. Depuis une bonne dizaine d’années, les doses maximales recommandées fluctuent entre 3 et 5 kg/ha et par an. Un rapide calcul permet de réaliser qu’en déversant 5 kg par an et par hectare, on arrive à une ½ tonne de cuivre au bout d’un siècle remarque Denis Dubourdieu, professeur d’oenologie à l’université de Bordeaux. Thierry Coulon, directeur technique de l’Institut français de la vigne abonde dans ce sens en constatant qu’il existe de nombreux exemples où, dans des sols acides, les quantités de cuivre fongicide accumulées depuis un siècle d’usage empêchent aujourd’hui l’herbe, le blé ou même des arbres fruitiers, de pousser. Dans le meilleur des cas ajoute-t-il on peut descendre jusqu’à 400 gr/ha et par application.

Un produit toxique

Le sulfate de cuivre est un produit toxique. Il est nocif en cas d’ingestion. Il peut être irritant pour les yeux et la peau. Il est aussi excessivement toxique pour les organismes aquatiques et notamment marin. Il est donc à manipuler avec beaucoup de précaution (utilisation de gants, de masque et de lunettes de protection obligatoire).

François

  • 1990 – Les grands vins du monde, préfacé par Gérard Depardieu. 
  • 1992 – Grands et petits vins de France, préfacé par Jean Carmet.
  • 1996 – Le guide des grands et petits vins de France, préfacé par Alain Favereau.
  • 2000 – The Flammarion Guide to World Wines
  • 2013 – Les vignobles mythiques, aux éditions Belin préfacé par Pierre Lurton (Cheval Blanc et Yquem).
  • 2014 – Prix Amunategui-Curnonsky décerné par l’APCIG (association professionnelle des chroniqueurs de la gastronomie et du vin).
  • 2016 – Cépages & Vins aux éditions Dunod.
  • 2020 – Cépages & Vins, nouvelle édition, éditions Dunod.

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